Atelier Création-Contestation

Le Grand Hiver est là

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(texte publié le vendredi 17 janvier 2020)

Durant l’année qui vient de s’écouler, le Département Arts plastiques - Design a été fortement touché par une déperdition générale de ses ressources enseignantes. Deux PRAG en Arts Plastiques ont été révoqués de l’Enseignement supérieur ; l’équipe Design a perdu un MCF, et cela représente donc la mise en réserve de trois postes, équivalant à 960 heures d’enseignement, qu’il a fallu pourvoir entre mi-juillet et septembre 2019. Pour ce faire, des solutions non pérennes ont été mises en œuvre (un poste d’ATER et deux contrats décret 92 pour une durée d’un an). Les responsables de diplômes du Département ont, en outre, sollicité le vivier régional des vacataires remplissant les conditions d’emploi. Notre Département, dont les forces sont donc en diminution, se voit à présent refuser le maintien d’un poste de rang A (départ en retraite d’un PR Arts Plastiques), pourtant validé par les conseils de Département et d’UFR. Le gel de ce poste est une atteinte supplémentaire à nos conditions d’enseignement et de gestion de formations, inacceptable car elle met en péril l’avenir du Département Arts Plastiques – Design. Cette décision est le coup de trop.

Une approche RH simplement quantitative, indexée sur la possibilité de satisfaire aux besoins de la formation en seuls termes de référentiel horaire, est erronée, car elle ne prend en compte ni la réalité des responsabilités incombant à un poste de rang A, ni la spécificité de nos disciplines.

Un poste de rang A n’assure pas simplement un service d’enseignement, mais assume de fortes responsabilités pédagogiques et administratives, l’encadrement d’étudiants en 4e et 5e années de formation, le suivi du lien formation – recherche, l’encadrement de doctorant.e.s, la direction de programmes de recherche et d’équipes. D’autre part, ce poste de rang A est porteur d’une mention du référentiel national (dont l’un des masters de notre Département est le seul représentant dans l’offre de formation toulousaine) : la mention Création Numérique.

La non-reconduction de ce poste se produit dans un contexte local dont nous devons rappeler les grandes lignes. Nous travaillons, enseignons, contribuons aux responsabilités et aux missions collectives de notre Département dans des conditions d’austérité accrue, qui, d’année en année, impactent de plus en plus fortement notre travail et les conditions de formation des étudiant.e.s. À l’heure actuelle, notre Département compte :

  • 3 BIATSS + 1 contractuelle pour le volet administratif ;

  • 18 statutaires soit 15 enseignant.e.s dont 11 enseignant.e.s-chercheur.se.s, 6 contractuel.le.s enseignants (ATER, PAST, CDD) dont 3 sont menacés de ne pas être renouvelés dès la prochaine rentrée.

  • environ 60 enseignant.e.s vacataires.

45% du volume horaire global de la formation est assuré par les vacataires.

La surreprésentation des vacataires, dans le Département, outre les conditions – qui ne sont même plus de précarité, mais de paupérisation – dans lesquelles ils et elles se trouvent, pose des problèmes manifestes de stabilité de la proposition pédagogique, de transmission des contenus, et de suivi des étudiant.e.s. Le recrutement incessant de vacataires pour combler les manques d’effectifs fait exploser le travail des responsables de diplôme. Il semble, dans de telles conditions, impossible d’assurer le suivi de plus de 580 étudiant.e.s en Licence, en Master et Doctorat, ainsi que la qualité de ces formations.

Au niveau national, dans un contexte de mobilisation élargi contre le projet de réforme des retraites, contre la précarité étudiante, mais aussi contre la LPPR, nous vivons la destruction pierre à pierre du service public de l’enseignement et de la recherche. Comme réponse à l’augmentation de la population étudiante, la diminution des personnels statutaires, la non-reconduction des moyens et l’accablement de l’équipe pédagogique par les tâches administratives apparaissent comme le résultat d’une idéologie managériale opposée à nos missions. Ceci nous confronte à une situation de pénurie, devenue aujourd’hui intolérable.

Nous demandons :

  • que le poste de rang A soit maintenu et ouvert au concours pour la campagne 2020.
  • que des postes pérennes soient créés pour pallier les manques de postes, et que dans cette attente, les supports d’ATER et Décret 92 soient maintenus pour l’année prochaine.

Cette exigence doit être satisfaite. Sans cela, la qualité de notre mission sera encore davantage compromise. En conséquence, nous déposons avec nos organisations syndicales (FO–ESR, SNESUP–FSU) un préavis de grève à partir du 10 janvier 2020 et nous engagerons, si les négociations ne permettent pas de rétablir des conditions d’encadrement acceptables, UN GRAND HIVER :

  • GEL de la direction et des responsabilités de diplômes ;
  • GEL des conseils et des votes ;
  • GEL des notes ;
  • GEL du rendu des maquettes d’accréditation ;
  • GEL des recrutements des vacataires sur les services non pourvus ; Occupation des locaux.

Un certain nombre d’entre nous est déjà en grève contre la réforme des retraites et n’hésitera pas à élargir ses revendications.

L’Assemblée générale des personnels du département Arts Plastiques – Design, Université Toulouse – Jean Jaurès réunie le 20 décembre 2019 communiqué voté à l’unanimité des présent.e.s